Composer - Compositeur

Solo Harp & Harp Ensemble / Classical / Traditional / Lyrique / 

Pedagogic / Orchestral / Recording / Music on Demand

Lever Harp / Pedal Harp / Chromatic  Harp / Effects

My music is often spontaneous and intuitive. There are rhythmic interplays, spare melodies, and very few dynamic or phrase marks. There are repeats, superimpositions, contrasts, and harmonies directly inspired by composers like Debussy or Messiaen. There are repetitive, minimalist pieces à la Satie, modal harmonies, Celtic phrasing, and some groovy lines!

 

What I compose now is a real melting pot. It’s the mixture that defines its identity – I’m not the only one to say, « Pernel composes like…Pernel! »

 

Over time, I’ve lost interest in making the « right » impression. I really enjoy juxtaposing two pieces, which seem to be opposite. I don’t want to compartmentalize music, for example into classical or high art music, traditional music, or variety. There are different techniques at play in different places, and having got to know many different types of music, I’ve become immune to any form of hierarchy.

 

In the same concert, I like to perform some Bach, a song by Radiohead, a suite of Irish jigs, and some intriguing harmonies for beginners.

 

Moreover, I wrote the majority of these pieces for my pupils. It’s a pity that composing for teaching is not always taken seriously.

 

I particularly value simplicity in music, but I wouldn’t say that simplicity is simplistic. The latter is hell-bent on excluding anything complex, to make it less of an effort. Simplicity, on the other hand, crystallizes meaning with beautiful economy, and finds the very delicate balance that lies at the heart of free and subtle expression. The greatest artists know how to make the swiftest and most dense pieces sound simple and self-evident. The greatest composers unveil depth in just a few notes. Over time, a composer hones their sonic palette, and stops trying to prove themselves.

 

While I was at music college, I took composition classes. I remember that my teacher was very bothered by the idea that I finished a piece with a major perfect cadence. I couldn’t understand why this was a problem.

 

If you want to free yourself from a system, I think this means taking each part of the music, and removing every judgement from it. You place it where you hear it sounding right to you – where it seems to be telling you a story, at that moment. You shouldn’t try to be clever, nor should you be afraid to sound too simple. Just let the right notes flood out at the right moment, and leave the analysis until later. You can analyze it yourself, or leave that to others, but in any case, it can be done later.

 

By the way, I also don’t belong to the musical school of thought, which cuts or claims to cut itself off from everything that came before. We are the products of all the influences we have experienced. Nature is the sum of our nurture. In this way, I’ll openly take inspiration from a composer, a genre, or a style. I don’t do this in a studied manner, but rather intuitively, drawing on my experience. For me, composing is where joy takes precedent over understanding. So in my compositions, you’ll find a homage to Chopin, a wink to Messiaen, and some ballads that could have come straight out of a 1980s jukebox.

 

To follow the masters is as important to me as practicing scales. Here’s an important point: copying Debussy, Ravel or Satie isn’t done only by rationally understanding their musical language. You have to absorb their music, and all the freedom within it. You also have to immerse yourself like this to be able to play Irish or Breton traditional music, or even Baroque music. You can read the treaties, you can annotate your scores as much as you like, but nothing can replace your ear or your body (for dances) deeply absorbing the music. The score can only give you a minimum of information. The rest of the way lies in « trying to find the notes that love each other », as Mozart said.

 

Never mind (my favorite expression)! Never mind that at the end, you’ll theoretically be wrong, on paper. If you have been at one with a composer in this way, their creative freedom will also free you. A new liberty will emerge, even if it has to contradict its master. I mean, I sing a lot when I compose. If I can sing a melody on top of a harmony, then the melody is just. It doesn’t matter if it’s technically blown away the harmony beneath.

Si ma formation est des plus classique (Médaille d’or en harpe au conservatoire de Reims), la musique que je propose dans ce recueil part bien souvent de l’intuitif, du spontané. Il y a de l’exercice rythmique, des mélodies nues, très peu d’indications de nuance et de phrasé, des barres de reprise, des superpositions, des contrastes, des harmonies directement inspirées de compositeurs comme Debussy ou Messiaen, des pièces minimalistes et répétitives, à la Satie, des harmonies modales, des phrasés celtiques, des lignes de groove dans la plus pure tradition  » variété »…

Aujourd’hui j’assume cette « salad bowl » à l’américaine. Le tout aboutit à une identité, à un style -et ce n’est pas moi qui le dis : Quand Pernel compose, ça fait du Pernel !

Avec le temps j’ai perdu mes envies de faire bonne figure. Je ne cache pas le plaisir certain que j’ai à voir se juxtaposer deux pièces d’esthétique diamétralement opposées en apparence.

La musique à mes yeux n’est pas compartimentée entre la grande musique, les musiques traditionnelles et les musiques de variété. Il y a différentes techniques placées à différents endroits, et le fait d’avoir exploré ces nombreux visages m’interdit aujourd’hui toute forme de hiérarchie.

J’aime jouer au sein du même concert une pièce de Bach, un morceau de Radiohead, une suite de jigs irlandaises et quelques harmonies étranges pour le néophyte.

Il n’en reste pas moins que la plupart de ces pièces sont nées de la pédagogie. Malheureusement, je constate que composer pour la pédagogie aujourd’hui peut sembler incompatible avec la notion de compositeur sérieux.  

En matière de composition, ma ligne directrice est que la musique appartient à la simplicité. La simplicité est peut-être l’inverse du simplisme. Le simplisme cherche désespérément à écarter le complexe et à éloigner l’effort. La simplicité cherche au contraire à condenser le sens avec un minimum de moyens, à trouver la ligne d’équilibre, ténue, à partir de laquelle une liberté et une expression du subtil sont possibles. Les grands interprètes savent rendre simples et évidentes à l’écoute les pièces les plus véloces et chargées, les grands compositeurs savent révéler la profondeur à partir de quelques notes seulement.

Avec le temps, on affûte sa palette sonore et on se sépare de l’esbroufe.

Durant ma formation au conservatoire, j’ai suivi des cours de composition. Je me rappelle que mon formateur -compositeur par ailleurs- semblait très préoccupé par le fait que je finisse une pièce sur un accord parfait majeur. C’était un problème ? Je ne comprenais pas.

Je crois que s’émanciper d’un système, c’est cela : prendre chaque élément de la musique et enlever en lui tout jugement. Le prendre et le placer là où on l’entend. Là où il nous paraît juste. Là où il raconte quelque chose de nous à ce moment. Ne pas chercher à faire complexe, ne pas avoir peur de sonner trop simple, laisser jaillir les bonnes notes au bon moment et remettre l’analyse de tout cela à plus tard, aux autres, ou à soi, mais plus tard.

Par ailleurs, je n’adhère pas à la tradition musicale qui consiste à se couper de tout héritage – du moins à faire semblant.  Nous sommes avant tout le produit de toutes les influences que nous avons reçues. Le naturel n’est que la somme de tous les culturels. Aussi n’ai-je aucun scrupule à m’inspirer ouvertement d’un compositeur, d’un genre, d’un style. Je ne le fais pas d’une manière « intelligente », mais d »une manière empirique, intuitive. Composer est le lieu, selon moi, où la jouissance précède la compréhension. On trouvera donc, dans mes compositions, un hommage à Chopin, un clin d’œil à Messiaen et des ballades qui pourraient directement sortir d’un juke-box des années 80.

Copier des maîtres me paraît aussi important que faire des gammes. Mais je tiens à préciser un point essentiel : copier Ravel, Debussy ou Satie, ça ne se fait pas uniquement par la compréhension rationnelle de leurs éléments de langage, mais par imprégnation de leur musique et de la liberté qu’elles contiennent. Ce temps d’imprégnation est le même qui est nécessaire pour savoir jouer de la musique traditionnelle irlandaise, bretonne ou même baroque. On peut lire les traités, annoter les partitions au maximum, rien ne saurait remplacer l’imprégnation par l’oreille ou par le corps (pour la danse) ; la partition n’offre toujours qu’un minimum d’informations et le reste du chemin est à trouver sur la manière de placer ensemble deux notes qui s’aiment, comme le dirait Mozart.

Peu importe, never mind -là est définitivement mon expression préférée- qu’à la fin on se soit théoriquement trompé sur le papier, dès lors que par le truchement d’un compositeur et de la liberté qu’il nous offre, une autre liberté émerge, dût-elle contredire son maître.

Pour illustrer ce propos : la composition chez moi passe beaucoup par le chant. Si je peux chanter une mélodie sur une harmonie, c’est que la mélodie est juste ; peu importe qu’elle vienne à bousculer l’harmonie en place.